Tableaux d'univers futurs


Qui pourra décrire ce que sera notre monde dans quelques siecles ou quelques millénaires ? Si Jules Vernes a prédit les excursions luniares (De la Terre à la Lune), les sous-marins (20000 Lieues sous les Mers) ou les voyages transcontinentaux d'agrément (Le Tour du Monde en 80 Jours), il n'en reste pas moins une exception. Où sont donc les Robots d'Asimov, les voyages temporels de Silverberg ou les vaisseaux transplanétaires de nombreux autres auteurs ? L'auteur de SF qui tente de prédire l'avenir courra toujours le risque d'être désavoué par la Réalité. Pourtant, nombreux sont ceux qui se sont piqués au jeu.

Dans Les Cavernes d'Acier et Face aux Feux du Soleil, Asimov nous décrit une terre qui, si elle est devenue des plus pacifique n'en reste pas moins décadente. A l'abris de leurs dômes d'acier, les terriens vivent dans l'agoraphobie la plus complète, ne craignant non pas la foule mais le vide. Comment, alors que leur congénères exilés sur d'autres mondes se lancent à la conquête des étoiles, ne pas se demander ce qu'il adviendra de cette civilisation mourrante. Asimov y repond dans Les Robots de l'Aube et Les Robots et l'Empire dans une parabole pour la liberté et le respect de l'Humanité dans son ensemble. C'est donc à un robot qu'incombera la tâche difficile de guider les Hommes vers les étoiles, tel Noé et son arche.

Arthur C. Clarke dans La Citée et les Astres imagine un futur très lointain relativement sombre pour notre bonne vieille Terre. Coupés du reste du monde qu'ils croient empoisonné, les survivants d'une civilisation déchue habitent des citées protégés par des dômes de verre (non sans rappeler la série télévisé L'Age de Cristal ou le film Zardoz)

Cordwainer Smith et ses Seigneurs de l'Instrumentalité, dresse un tableau plutôt glauque de notre avenir. Dispersés dans la Galaxie, les hommes maintenus en vie par le stroon une drogue produite par la richissime Norstralie, n'ont rien perdu de leurs instincts grégaires. Manipulations psychiques et génétiques leur donnent le pouvoir sur les plus faibles et en particulier sur le Sous-Peuple, animaux dommestiques élevés au rang d'esclaves sentients par leurs maîtres. L'Instrumentalité manipule les hommes et les femmes, n'obeissant qu'à son propre leitmotiv : toujours plus de pouvoir. La nouvelle La Planète Shayol en est un parfait exemple. L'Instrumentalité juge et condamne à l'exil sur Shayol où l'individualité se perd peu a peu et ou la majeure partie des exilés oublient jusqu'à leur propre existence en sombrant dans la folie, finissant par se croire réellement coupables.

Dans Tous à Zanzibar de John Brunner, un des plus grands classiques de la science fiction d'anticipation (par opposition à la SF de type space opera, elle s'intéresse à notre avenir proche), nous voilà confrontés à la chute de l'empire américain, thème cher à Brunner. Découpée en quatre parties enchevétrées les unes aux autre, l'histoire offre un grand nombre de trames parallèles qui se recouperont toutes finalement. Le monde décrit par Brunner est terriblement glauque et malade : entre crises internationales permantentes, problèmes de surpopulation, de pollution, de manipulation politique et économique, violence et aliénation, une société se meurt. Au sein de cette univers catastrophique, un groupe d'hommes se bat pour sauver une petite communauté africaine qui semble avoir découvert un remède aux maux du monde. A travers cette peinture pessimiste d'une société malade, c'est un vibrant appel à la tolérance que nous lance Brunner. C'est comme une bassine d'eau froide sur nos idées reçues, sans aucun doute un chef d'oeuvre de la litérature d'anticipation.

Dans Le Troupeau Aveugle, Brunner nous présente une autre de ses utopies négatives. Particulièrement sombre, il s'attaque cette fois-ci à la pollution et à ses effets dévastateurs sur le monde. Géré par de toutes puissantes multi-nationale, celui ci se trouve inlassablement entrainé dans une mortelle spirale où les intêrets économiques des uns signent l'arrêt de mort des autres.

Les mondes de Brunner, comme celui décrit dans L'Orbite Déchiquetée sont toujours terriblement racistes. La lutte des classes pour briser les chaînes de leur aliénation semble être un de ses thèmes chers. Ici, il nous présente une vision d'une Amérique échorchée vive, sous le joug des tous puissants fabricants d'armes qui arment les noirs à moindre prix pour pouvoir vendre ensuite leur engins de destruction aux blancs, bien plus cher, évidement.

Herbert, dans La Mort Blanche nous fait découvrir les ravages des armes bactériologiques. Dans un futur proche, un homme blessé au plus profond de son âme par la perte de sa femme et de son fils dans une attaque terroriste, decide de mettre à mort toutes les femmes afin que nul ne puisse encore aimer. A cette fin, il lache sur le monde un virus qui indubitablement, décime la population féminine de la terre. Plus qu'un appel à la prudence scientifique, c'est avant tout un vibrant pamphlet contre la violence sous toutes ses formes ainsi qu'une étude intéressante des relations scuicidaire entre un chasseur et sa proie.

Dans Monades Urbaines, classique de Robert Silverberg, l'auteur nous plonge dans un monde survolté où les hommes vivent dans de titanesques tours de beton, veritable villes de plusieurs millions d'habitants. Chaque monade est totalement indépendante et n'a guère de contact avec les autres. Ne vivant que pour se reproduire, les habitants des monades pratiquent une sexualité totalement libre et des plus débridées. Pourtant, un jeune homme décide un jour de sortir de sa monade pour partir à la découverte de l'Exterieur. Dehors, il découvrira un monde paisible, ancré dans ce qu'il prendra d'abord pour de l'obscurantisme, mais qui s'averera plus tard n'être qu'une expression passionnée de la liberté. De retour dans sa monade, il sera sommairement executé par celle-ci, de peur qu'il ne repande des idées propres à ébranler une société aliénée.

Silverberg, toujours, dans Les Déportés du Cambrien imagine un futur proche où les gouvernements totalitaires envoient leurs condamnés politiques pour un voyage temporel sans retour possible un milliard d'années dans le passé, au Cambrien Supérieur. Là, les hommes ont appris à survivre en une communauté liée, loin de leurs semblables, jusqu'au jour où arrive parmi eux un individu étrange qui semble pouvoir retourner dans le présent. Encore une fois, une dénonciation poignante du totalitarisme sous toutes ses formes et sur la justice. Comment justifier une telle punition dans une société redevenue libérale depuis bien longtemps ?

Finalement, peu d'auteurs se montrent optimistes face à notre futurs, même si la plupart ne sont pas aussi sombres que Brunner ou Orwell, leurs visions du futur se revèlent fort peu enthousiastes. D'ailleurs, qui voudrait entendre l'histoire d'un monde où tout est rose ?


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