Créatures Extraordinaires


L'entité non humaine est un thème récurant dans la SF contemporaine, comme dans celle du début du siècle. Même si les terrifiants Martiens de Wells ou de Burrough nous font aujourd'hui sourire, ils n'en demeurent pas moins les fondateurs d'une lignée de créatures toutes plus extraordinnaires les unes que les autres qui passionneront generations de lecteurs.

Certains auteurs comme Brunner dans Le Creuset du Temps imaginent des mondes dépourvus de toute créature humaine de sorte qu'il leur faut reconstruire une psychologie propre aux espèces qu'ils imaginent. L'exercice est difficile puisque la vision que reçoit le lecteur est celle d'une entité qu'il ne connait pas. Dès lors, ses points de repère s'évaporent et il se doit alors de regarder avec un oeil nouveau l'univers crée pour lui.

Dans L'Homme Modulaire, Roger Mac Bride Allen imagine un homme dont seule la conscience survit à l'interieur d'un robot. C'est semble-t-il un thème qui semble se répéter depuis Gibson, père fondateur du mouvement Cyber-Punk. La force d'Allen est de parvenir à nous faire ressentir la douleur et le desespoir de cet être conscient, coincé dans une carcasse d'acier. Peu à peu, il parvient à reconstruire son égo, tout en adaptant son mode de pensé à ses nouveaux sens mécaniques.

Les terribles Doryphores de La Strategie Ender et La Voix des Morts d'Orson Scott Card, sont mis à mort par la flotte terrienne car nul n'a pu communiquer avec eux. Ender, le Xénocide, leur bourreau, comprendra bien trop tard que leurs intentions n'étaient pas belliqueuses lorsqu'il mettra en évidence leur structure sociale apparentée à celle des fourmis, ou la reine dirige une vaste armée d'ouvrières non-conscientes, si bien que du point de vue des Doryphore, détruire un vaisseau humains avait autant de sens que de chasser une mouche du revers de la main.
Dans La Voix des Morts, les humains se trouvent confrontés à une nouvelle race : les piggies, sorte de petits cochons qui vivent dans de vastes forêts. Sur un monde visiblement à l'agonie, un très petit nombre d'espèce animale a reussi à survivre en réalisant une symbiose avec une espèce végétale, si bien que la mort n'est qu'un stade nécéssaire vers l'évolution. Dès lors, comment faire comprendre aux piggies le sens du mot meurtre lorsque certains d'entre eux se mettent à tuer des humains pour les récompenser de leur générosité ?

La Grande Rivière du Ciel et Marées de Lumières de Gregory Benford relatent tous deux l'épopée d'une famille d'humains confrontée aux terribles et impitoyables Mécas, race d'êtres mécaniques qui chassent toute vie organique aux quatre coins de la Galaxie. Particulierement actifs au centre de la galaxie, les Mecas envahissent mondes sur mondes et acculent toutes les autres forme de vies, les integrant à leur civilisation. C'est non sans rappeler le Borg de Star Trek: First Contact. Cependant, la resistance s'organise et grâce à un vaisseau spatial de l'age d'or de l'Humanité, la famille parvient à fuir ses ennemis, mais pour combien de temps ?

Dans L'Anneau Monde, Larry Niven invente des extra-terrestres totalement extravagants et fortement stéréotypés. Le Marionnettiste de Pierson est terriblement couard, le Kzin est un dangereux psychopathe. Seule Teela Brown l'humaine tire son épingle du jeu : Niven a fait d'elle une chanceuse. Dans un monde ou gagner à la loterie vous permet d'enfanter, une longue lignée de gagnants a conduit à la concetion de Teela. Dès lors, il devient claire pour les dirigeants terriens que sa chance ne peut être qu'une de ses specificités génétiques.

Jack Vance, auteur prolifique de la tetralogie Le Chasch, Le Wankh, Le Dirdir et Le Pnume plonge son héros à la mâle assurance sur une planète peuplée de créatures issues de quatre races différentes. Chaque race fait l'objet d'un épisode entier de la tétralogie. On ne peut encore une fois que regréter la simplification à l'extrême de la psychologie de masse que nous inflige Vance. Heureusement, la série est sauvée par une action débridée que l'on se doit de prendre au second degré.

Ursula Le Guin dans Le Nom du Monde Est Forêt imagine des êtres étranges qui passent leur temps à rêver. Les terriens venus les étudier ont du mal à communiquer et surtout à comprendre le sens qu'ils donnent à leurs rêves. Pour ces créatures, le monde des rêves est aussi réel que leur forêt qu'ont envahie les humains. Ici, l'étude psychologique est beaucoup plus poussée et l'on parvient peu à peu à s'identifier aux étrangers et à comprendre leurs motivations en même temps que les acteurs humains.

Mais le maître incontesté lorsqu'il s'agit de donner vie à des créatures extraordinnaires reste sans aucun doute David Brin et sa série de l'Elevation.
Dans Marée Stellaire, Brin, plante son décor : les Cinq Galaxies forment une cohalition de races spatiopérégrines fortement hiérarchisée. Les Patrons, ou Grands Galactiques, soumettent d'autres races à l'élévation par manipulation psychique et génétique en vue d'augmenter leur Potentiel et de les amener doucement à la sapience. Une fois le processus achevé, la race émergente devient alors Cliente de ses Patrons. Selon la légende enfouie dans la Grande Bibliothèque, les Progéniteurs auraient été les premiers Patrons. Dès lors, lorsqu'une tribu de jeunes loups, les Humains, accèdent d'eux mêmes aux voyages stellaires avec deux clients, les néo-chimpanzés et les néo-dauphins, les Cinq Galaxies s'interrogent. Les dangereux Soros, les impitoyables Tandus, les patauds Thennanins, les effroyables Jophurs, et quelques autres races mineures se lancent à la poursuite d'un vaisseau néo-dauphin qui pourrait bien avoir découvert de quoi changer la face de l'univers.

Dans Elévation, suite de Marée Stellaire, un puissant clan de Galactiques à forme avienne, se lance à l'assaut d'une planète sous contrôle terrien, affin de mettre les chimps sous leur protectorat, ne reconnaissant pas aux Humains leur statut de Patrons. Mais c'est sans compter sur les Tymbrimis, alliés redoutables au sens de l'humour décapant ni sur les Thennanins et leur respect absolu des règles galactiques et de l'écologie planétaire.

Rédemption nous plonge à nouveau dans l'univers des Cinq Galaxies. Cette fois-ci, sept races trouvent refuge sur une planète en jachère, au grand dam des lois galactiques : les Urs, à l'allure de centaures, les g'Keks qui se deplacent sur leurs essieux, les Traekis aux personalités multiples enfermées dans chacun de leurs tores, les Qheuens sorte de gros crabes de couleur rouge, bleu et grise, les Glavieux, retournés depuis longtemps à l'état pre-sentient, les Hoons créatures vaguement humanoides aux long membres inférieurs et enfin les derniers arrivés, les Humains. Après une periode agitée, la petite communauté a fini par vivre dans une paix et un respect mutuel relativement précaires jusqu'au jour où débarquent des humains galactiques qui vont semer le trouble parmi chaque race.


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