Le voyageur interstellaire finit un jour ou l'autre par tomber nez à nez avec des créatures qui lui sont étrangères. Par une sorte d'anthropomorphisme agaçant, ces extra-terrestres se montrent la plupart du temps menacants. Dès lors le combat est inévitable.
Dans La Stratégie Ender d'Orson Scott Card, la guerre quoique virtuelle, n'en a pas moins des effets désastreux sur l'Ennemi, les Doryphores. Ender Wiggins, 13 ans, formé à l'Ecole de Guerre, se voit confié à son insu le commandement d'une flotte terrienne de vaisseaux de combat, partie des années plus tôt à destination de la planète mère des Doryphores. Par l'intermédiaire d'un ansible qu'il prend pour un simulateur, Ender livre un combat sans merci à une race dont il n'a jamais vu un seul représentant. Sans relâche, croyant à un jeu, il anéantira en masse les vaisseaux ennemis qui tentent d'intercepter sa flotte, jusqu'à l'assaut final où il largera sur la planète mère des étrangers, le Petit Docteur, une arme de destruction redoutable et infaillible.
Lorsqu'il apprendra la vérité, Ender deviendra le Porte Parole des Morts des Doryphores et tentera de dénnoncer la folie dominatrice et la peur de l'inconnu qui à conduit à la destruction entière d'une race évoluée.
Armes de destruction massive, rayon d'énergie, boucliers, champs de forces, tels sont les éléments qui font d'une bataille spatiale un balet de lumière où chaque vaisseau feinte, esquive, attaque ou meurt. Dans Un Feu sur l'Abîme, Vernor Vinge nous initie à la technique du combat dans l'espace dans un style nerveux et coloré des plus agréables. Il s'attache plus à décrire les stratégies
employées par les combatants, plutôt que de s'apesantir sur une description des moyens techniques utilisés lors des escarmouches. Il évite ainsi l'ecueil où se sont échoué de nombreux auteurs : à trop vouloir entrer dans les détails scientifique, l'histoire en perd une grande partie de sa crédibilité. Il ne faut en effet pas perdre de vue le fait que la réalité scientifique se trouve sans arrêt baffouée, il n'y a qu'un pas entre une réalité plausible et la farce abracadabrante. D'ailleurs, le lecteur de science fiction connait souvent les lois physique de notre univers. Ainsi, il ne peut que s'etonner lorsque, située sur une planète à 60 années lumière du combat de Vinge, une femme entrevoit l'explosion d'un des combatants, au moment même où celui-ci est détruit...
Mais la science fiction ne limite pas ses guerres à l'espace. Dans La Grande Guerre des Bleu et des Rose, Norman Spinrad nous invite à une confrontation mâles/femelles des plus violentes. Sur une planète paisible, très à cheval sur des principes démocratiques inébranlables, arrivent deux factions rivales qui prêchent chacune des doctrines opposées : pour les unes, la supériorité des femmes est sans conteste, pour les autres, les mâles se doivent de soummettre les femelles. La liberté d'expression aidant, chaque groupe d'extremistes se lance dans une politique de propagande sauvage qui amènera à bien des reflexions.
Lois Mc Master Bujold et sa série des Vorkosigan nous plonge sur Barrayar, une planète qui quoique techniquement évoluée est restée au stade d'une civilisation qui rappelle un peu celle du début du dix neuvième siecle en Europe, où l'honneur et la dignité sont deux des valeurs les plus importantes. Un Prince d'un des clans les plus puissants de la planète a épousé une étrangère qui a en plus l'audace d'avoir appartenu à une armée qui jadis combatit Barrayar. Barrayar est l'histoire de son combat pour être reconnue, combat d'autant plus difficile qu'elle est une... femme.
On ne peut que se réjouir d'une telle démarche puisqu'elle ajoute à l'originalité de la Science Fiction, participant ainsi à son affirmation en tant qu'art littéraire à part entière. Cependant, les valeurs traditionnelles du space opera classique telles qu'elles furent présentées au grand public par l'inoubliable Guerre des Etoiles de Georges Lucas évoluent petit à petit. Même si les extra-terrestres qu'il faut à présent combattre restent terrifiants, leur psychologie a grandement évoluée depuis La Guerre des Mondes. Aujourd'hui, l'auteur s'ingénue à décrire avec une précision de botaniste les diverses races qui peuplent notre univers et leurs méthodes de combat.
David Brin, dans Marée Stellaire, nous offre un morceau d'anthologie avec l'échappée du vaisseau néo-dauphin Streaker, fuyant les Grands Galactiques: coincé sur une planète inhospitalière, l'équipage du Streaker décide de rejouer un épisode de la guerre de Troie et s'envole en se dissimulant dans la coque d'un vaisseau Thennanin. Pris en chasse par une flotille ennemie qui a fini par les repérer, les terriens vidangent leur vaisseau d'une partie de l'eau nécessaire à l'équipage delphinien.
Au contact du vide spatial, celle ci se transforme alors en un gigantesque mur de glace sur lequel viennent s'ecraser leurs poursuivants. Bluffés, les Grand Galactique cherchent en vain une trace d'une telle stratégie dans leur Grande Bibliothèque mais doivent bien vite se rendre à l'évidence que les jeunes loups ont innové !
Pour Stephen Donaldson, un affrontement dans l'espace n'est pas une mince affaire. Dans les dernières pages de Chaos and Order : The Gap into Madness, on assiste ébété à l'un des combats spatiaux les plus réussis de l'histoire de la Science Fiction. Un combat à mort entre un Croiseur Défensif Amnion, une Gap Scout à la puissance de feu inattendue, un croiseur de classe Scalpel de la force terrienne en piteux état mais à l'équipage performant et deux vaisseaux de combat mercenaires super-armés.
Pendant près de 100 pages, c'est avec astuce, acharnement et stratégie que vont s'affronter les combattants. Pas une seconde n'est laissée au lecteur pour souffler. Trous noirs artificiels, cannons anti-matière, super-light-protons, torpilles à protons... tout est bon pour venir à bout de son adversaire. Mais la force principale de ce recit, outre son style enlevé, est que l'on participe en temps réel à la bataille du point de vue de tous les participants. Chacun a ses limites. L'Amnion ne peut pas tirer avant d'avoir rechargé ses cannons, les radars ont un temps de réponse non nul du fait de l'etendue du combat, les transmissions ne sont pas instantannées pour la même raison... Le tout baigné dans un climat de trahison constante où les alliances se font et se défont suivant la tournure que prennent les événements.
Téléportation